Pour illustrer notre analyse, nous avons eu la chance d’interroger Katrin Ganswindt, Campaign Manager chez Urgewald et Freya Bannochie, Lead chez Forest IQ.
Dans un contexte où la pression réglementaire ne cesse de croître pour assurer la viabilité des données que les sociétés financières utilisent, les enjeux autour de ces données sont nombreux et significatifs : identification, disponibilité, fiabilité, acculturation, coût, etc.
Pour accéder aux données ESG, les sociétés financières ont recours à 3 solutions :
Les sources de données publiques offrent des sets de données consultables et exploitables par tous et gratuitement (ou presque…).
Par essence, les données publiques sont le fruit de travaux menés par des organisations non gouvernementales, des associations, des institutions publiques, ou des entreprises à but non-lucratif qui appréhendent des sujets de recherche précis.
C’est par exemple le cas d’Urgewald, une ONG qui, grâce à une connaissance approfondie des énergies fossiles, publie des listes d’exclusion intitulées Global Coal Exit List & Global Oil & Gas Exit List et de Forest IQ, une plateforme de données constituée par un partenariat d'ONG qui, selon Freya Bannochie “confère des données exploitables aux institutions financières pour leur permettre de lutter contre la déforestation”.
Par ailleurs, des entreprises financières, souvent par souci de transparence, publient certaines de leurs données ESG. D’autres acteurs de la Place, dont les moyens peuvent être plus limités, peuvent ainsi capitaliser sur ces publications pour construire leur propre stratégie de durabilité.
À titre d’exemple, certaines sociétés de gestion, à l’image de Robeco ou de Trecento Asset Management, publient leurs watchlists en annexe de leur Politique d’exclusion. Ces watchlist sont ensuite utilisées par d’autres acteurs qui peinent à trouver des solutions pour identifier les émetteurs à exclure de leurs investissements pour des raisons ESG.
Face à la ruée vers les données ESG, les sources de données publiques se détachent en présentant de multiple avantages :
Freya Bannochie, Lead chez Forest IQ :
« Les données sur la déforestation sont plus nombreuses que jamais, ce qui signifie que les acteurs financiers n'ont aucune excuse lorsqu'il s'agit d'agir sur le climat et la déforestation. »
Toutefois, le talon d’Achille des sources de données publiques se trouve dans les niveaux de couverture. La liste d’émetteurs couverts est souvent constituée d’émetteurs cotés et reste limitée et non évolutive. Par exemple, la World Benchmarking Alliance (ou WBA) note un échantillon d’émetteurs fixés, se concentrant sur les entreprises les plus influentes et émet le souhait de ne pas étendre cette liste. En outre, les sources de données publiques peuvent ainsi se cantonner à une zone géographique limitée. Dans le même temps, certains jeux de données publics ne sont pas actualisés par une itération régulière de la donnée. Il est possible de ne disposer que d’un seul point de données sans aucune historisation. Freya Bannochie invoque le concept même de durabilité en gageant : “il faut assurer une longue durée de vie à l'outil”. Les données ainsi figées peuvent s’avérer non exploitables car non révisées et il reste impossible de mesurer les trajectoires des données contrairement aux données fournies par le privé qui propose une fréquence de mise à jour de leurs données. Katrin Ganswindt précise l’importance d’une actualisation des données en déclarant : “La liste d’exclusion de 2017 était très innovante, mais elle ne correspondrait plus à nos standards actuels”. Enfin, tout comme les fournisseurs de données privés, les sources publiques se basent sur des données déclaratives des émetteurs et sont ainsi soumis aux biais. Katrin Ganswindt relève que “nos recherches sont aussi bonnes que la qualité des reportings des émetteurs”.
Si les avantages des données publiques apparaissent nombreux, des enjeux demeurent, notamment pour les formater et les rendre exploitables par les équipes d’investissement :
Fortes de ces nombreux avantages, les sources de données publiques se développent et intègrent le marché composite de la donnée ESG. Toutefois, contrairement aux fournisseurs privés qui ont les moyens de collecter un volume important de données, Freya Bannochie souligne qu'il “est important de pouvoir répondre aux demandes de tous les types d'utilisateurs de nos données ouvertes."
Se pose alors la question de leur évolution dans la sphère financière : Katrin Ganswindt affirme que “le développement des sources de données publiques ne freine pas, ces sources ne vont pas jouer un plus petit rôle sur la scène des données”, Freya Bannochie quant à elle, imagine un scénario où “les sources de données publiques et privées peuvent fleurir mais le marché de la donnée restera complexe”.
Katrin Ganswindt, Campaign Manager chez Urgewald :
Le développement des sources de données publiques ne freine pas, ces sources ne vont pas jouer un plus petit rôle sur la scène des données.
Notre plateforme d’agrégation des données ESG Connect permet d’intégrer toutes les sources de données ESG y compris publiques (mises à jour automatiquement lorsqu’un nouveau jeu de données est disponible) grâce à un algorithme de matching qui permet de garantir un taux de couverture élevé. Des contrôles sont directement réalisés dans la plateforme pour vous permettre d’exploiter les données publiques simplement et en toute confiance.
De plus, notre module Expertise Hub met à disposition une cartographie des sources de données publiques. Cette dernière est actualisée grâce à une veille continue. A la collecte des sources s’ajoute une analyse méthodo-fonctionnelle afin d’évaluer la méthodologie des fournisseurs, les taux de couverture, l’exploitabilité de la source, et les possibles usages de la donnée.